Présenter un concert : un travail de longue haleine
Publié par Camille Villanove le
De la partition jusqu’au micro, bienvenue dans ma vie de médiatrice
En ce mois de février, je présente coup sur coup trois concerts. L’un dit « tout public » (comprenez “adultes”) dans le cadre d’un festival, deux autres destinés au jeune public avec l’Orchestre national de Bretagne puis avec celui de l’Opéra de Rouen-Normandie.
Présenter un concert, c’est passer de l’intimité d’une écoute individuelle, dans la phase préparatoire, à la communication de l’essence d’une œuvre et de son interprétation auprès d’un auditoire inconnu. Des heures d’analyse, de documentation, de réflexion. C’est un espace de créativité. C’est une quête infinie vers plus de pédagogie et de vitalité. Comment relever le défi ? Suivez-moi dans la fabrique d’un concert commenté.
Étape n° 1 : répondre à une commande
Un groupe de musiciens, un orchestre, un festival m’appelle : « seriez-vous d’accord de présenter ce concert ? ».
Avant de me décider, j’ai besoin de savoir le pourquoi du comment de ce projet. J’interroge les organisateurs : le questionnaire permettra de connaître le public ciblé, les objectifs, les circonstances de l’événement, les moyens à disposition, les conditions de mon engagement. L’enjeu est aussi d’obtenir un temps de répétition : il arrive souvent que le médiateur ou la médiatrice ne rencontre les artistes qu’au moment du concert. La porte ouverte à des aléas parfois inconfortables sur scène comme dans la salle.
Étape n° 2 : assimiler le programme
Commencer par explorer la partition sans écoute ? Par écouter les œuvres sans partition ? C’est selon l’humeur. Mais au bout de quelques heures d’analyse, ça griffonne, annote, colle des mini post-it à tout bout de champ : le bonheur. Plaisir musical et imagination s’autoentretiennent. C’est parti pour la phase de création !
Étape n° 3 : consulter le ou la chef∙fe d’orchestre, les solistes
Prendre contact, faire connaissance, tâter le terrain : francophone, un peu, beaucoup, pas du tout ? Habitué à ce genre d’exercice ? Échange de points de vue sur le déroulement du concert. Toujours cordial, stimulant, et dans une confiance fort appréciable.
Étape n ° 4 : élaborer la liste des extraits musicaux
Arbitrage, précision, anticipation sont de rigueur. Après, il sera trop tard. Numéros de mesure, chronométrage : le travail s’avère minutieux.
Comment donner à percevoir tel effet orchestral au public ? Tiens, si je demandais aux violoncelles de jouer sans le reste de l’orchestre, pour qu’on entende les trémolos ? Ou si l’on demandait au enfants de chanter des paroles sur ce magnifique solo de hautbois ? Il faudra prévenir les musiciens de ce temps d’apprentissage et de participation : je le note dans la conduite.
Étape n° 5 : écrire le texte
Tout écrire ? Laisser un part d’improvisation ? Cela dépend du contexte. Prendre la parole face à 800 collégiens avec 80 musiciens derrière soi, ça ne tolère pas d’hésitation.
Le cap à suivre : un ton vivant, des expressions claires, des comparaisons à la portée des personnes à qui l’on s’adresse, et priorité à la musique. La star du concert, c’est elle !
Ma spécialité : donner aussi la parole aux musiciens et musiciennes.
Étape n° 6 : répéter avec les musicien∙nes
Ça se passe juste avant le concert ou la veille. Je ne dispose parfois que de 15 minutes pour passer les extraits en revue , parfois d’une vraie répétition générale. Créer une cohésion, mettre tout le monde à l’aise avec le déroulé, établir un bon contact : l’équipe de l’action culturelle est toujours là en soutien.
Le grand jour : présenter le concert
Ça, je le raconterai dans un autre article ! Mais le mieux, c’est de venir.