Écrire pour ouvrir les oreilles : Je forme les étudiants.
Publié par Camille Villanove le
Un TD plein de promesses à l'université
« Méthodologie et techniques de la médiation écrite de la musique » : tel est le cours que j’ai encadré de septembre à décembre 2020 pour Sorbonne-nouvelle / Sorbonne Université. Réflexion, entraînements grandeur nature, auto-évaluation : je m’émerveille avec vous des graines qui ont été semées avec ces étudiants.
Lucas, Vani, Nathan : ils sont seize, ils ont 24 ans en moyenne et forment le 7e promotion du Master de médiation de la musique. Ils aiment le metal, jouent de la clarinette, écrivent des chansons, mènent leur stage à Radio France, au réseau des musiques actuelles du 93, dans des orchestres. Leurs points communs : passion de la musique et goût pour la transmission.
Ma mission en 12 heures de TD : leur faire appréhender les enjeux de l’écriture lorsque l’on s’adresse à un public donné.
De l’analyse à l’écriture
premier partenariat
la plateforme Melo
D’abord, nous analysons des textes : leur contenu, leur support, leur intention. Rapidement, nous passons aux travaux pratiques.
Afin de mettre les étudiants dans des conditions professionnelles, je leur ai demandé d’écrire une notice pour la plate-forme MELO éditée par Zébrock. Si vous ne connaissez pas cette fourmillante base de ressources sur les musiques populaires, allez-y faire un tour ! Gaëlle Maisonnier, sa rédactrice en chef leur a donné un cahier des charges précis et une liste de sujets : Dario Moreno, le rockabilly, « Le Déserteur » de Boris Vian, etc. Après plusieurs étapes de rédaction puis validation par le commanditaire, les résultats sont en ligne, c’est par ici. Quelle fierté pour les apprentis médiateur.trices !
Second entraînement, second partenariat
l’orchestre d’harmonie La Sirène
Il s’agit de réaliser la note de programme de son concert de Noël, un rendez-vous pour les familles à la Maison des pratiques amateurs (Paris VIe arrdt). Comment s’adresser à des enfants ? Faut-il décrire la musique qu’ils vont entendre ? Le programme vise-t-il à être lu avant ou après le spectacle ? En binôme, les étudiants cherchent des informations sur les œuvres et les compositeurs, choisissent un angle, résument, illustrent parfois de leur main, mettent en page. Jusqu’au jour où tombe l’annonce : concert annulé. Pas de concert, pas de public, pas de lecteurs pour leur travaux. La déception des rédacteurs est à la hauteur de leur investissement.
A l’heure du bilan
un enrichissement réciproque
Au moment d’évaluer tout le trimestre, l’enthousiasme est de retour : ensemble, nous avons creusé une mine de découvertes utiles quand on se destine à travailler dans le service action culturelle ou jeune public.
Des outils :
– Trouver des sources : la plateforme Eduthèque de la Philharmonie de Paris. Pour des illustrations : celle de la Bibliothèque nationale, Gallica et des banques d’images libres de droits. Pour la mise en page : Canva, logiciel collaboratif en ligne.
– Prendre conscience de l’impact de la mise en forme du texte sur sa lisibilité : aérer par des paragraphes, mettre des mots en évidence, structurer par la couleur.
– Faire apparaître les partitions : « je n’y aurais pas pensé, rapporte Noémie, de peur que le public visé ne sache pas lire la musique, mais certains éléments peuvent être décryptés de façon intuitive », comme la courbe d’une mélodie illustrant l’envol d’un papillon ou la mention d’une accélération.
Evaluer le chemin parcouru
« Je me sens beaucoup plus à l’aise dans la médiation écrite que la médiation orale. »
« J’ai découvert une multitude de supports de médiation écrite que je n’aurai pas soupçonnés. »
« Il n’est pas facile de se mettre à la place du public enfant».
« Sur un même sujet, par exemple, « comment présenter le saxophone ? », les idées de chacun de nous étaient très différentes. »
Côté prof, j’ai aimé amener ces jeunes adultes à prendre conscience de leurs atouts :
« ma capacité à adapter mon discours au type de lecteur.rice »,
« avoir des idées de plans assez rapidement »,
« mon langage imagé et ma capacité poétique »,
« la clarté de mon style ».
Prendre conscience de leur marge de progrès aussi :
« rédiger des phrases plus courtes »,
« penser le support visuel en même temps que le texte »,
« respecter la limite de caractères demandée, ou le nombre de pages imposé quitte à être frustré.e de ne pas tout dire »,
« préserver une plume personnelle »,
« être accessible au lecteur.rice par l’emploi de mots et tournures de phrases adaptés au public concerné ».
Un conseil pour la route
Et pour la suite, s’il ne fallait retenir qu’un conseil, messieurs mesdames les étudiants en médiation de la musique, ce serait :
« Demandez-vous toujours : qu’est-ce que je veux faire expérimenter ou transmettre à la personne qui lit mon texte ? »