Fruits de saison
Publié par Camille Villanove le
Le meilleur d’une année de musique partagée
Dans le carré des nouvelles pousses, mon potager de médiatrice a vu sortir de terre la version jeune public des Balades dans le Paris musical et une plaquette de présentation aux couleurs vitaminées.
Dans le coin « paroles inspirantes », j’ai ramassé quelques feuilles à infuser, auprès du Trio de percussions SR9, de Margarita van Dommelen que j’ai accueillie en stage, des participants à notre Enquête sur les pas de Mozart à Paris, etc.
Et si vous aimez les recommandations d’écoute, dans le champ des concerts que j’ai présentés aux quatre coins de la France en 2023-2024, j’ai cueilli pour vous un bouquet de titres jubilatoires.
Liste de lecture
Quelques paroles glanées sur mes chemins de médiatrice
Comment apporter au public une nouvelle écoute ?
L'art de poser les bonnes questions
J'ai rencontré le compositeur Janko Nilovic
Mars 2024. A Troyes, l’Orchestre symphonique de l’Aube donne un programme 100 % issu des Balkans.
C’est la première mondiale de la Suite balkanique du monténégrin Janko Nilovic (à écouter dans la playlist ci-dessus). Pour mieux présenter cet événement, j’interviewe le compositeur à son domicile. Il habite à 5 kilomètre de chez moi, dingue non ?
Une heure et demie de discussion, découverte d’un univers créatif foisonnant qui fait oublier le grand âge de ce grand monsieur.
À 15 ans il donne des concerts à Istanbul avec un big-bang de 45 musiciens et des choristes. Il est déjà compositeur, arrangeur et chef d’orchestre.
Quand il arrive en France, à 19 ans, il gagne sa vie en écrivant de la musique de Library. Il travaille pour Michel Jonas, Dario Moreno, Jay Z reprend un de ses samples. Au Montenegro, il est une star nationale, investi de responsabilités au Ministère des affaires culturelles. A 83 ans, il vient d’achever un mini opéra qui sera créée en Italie ainsi qu’un concerto pour piano.
Au concert, il est trop fatigué pour monter saluer sur scène. Je viens à lui et le présente au public : plus que jamais je me suis sentie « médiatrice ». Chaleur, émotion, admiration transmises au public tout naturellement.
Un bis chargé de sens et d'émotion
Ce récit commence dans les coulisses de l’Auditorium de Troyes. A la fin d’un concert que j’avais présenté, un homme me demande à parler au chef. Je vais chercher Gilles Millière en loge. Puis écoute de loin la conversation. Cet homme, Victor, confie : « J’ai été très ému par le bis. Vous avez joué une pièce associée à un moment très intense de ma jeunesse. »
Cette pièce, c’est la Rhapsodie roumaine n° 1 de George Enescu (à écouter dans la playlist ci-dessus). Dans les trois dernières minutes, l’orchestre entonne une chanson très populaire en Roumanie.
Populaire et historique. En effet, ce 21 décembre 1989 à Bucarest, alors qu’un rassemblement de masse appelle au renversement du régime communiste, la télé nationale est interrompue Prenant les commandes, les insurgés diffusent une musique. Devinez laquelle ?
Victor, encore adolescent, faisait partie des manifestants. Et si cette soirée, si cet hymne restent gravés dans sa mémoire, c’est parce que l’Histoire de son pays a changé, ce soir-là. Mais c’est aussi parce que son meilleur ami a succombé aux tirs de l’armée.
Je n’écouterai plus jamais cette Rhapsodie pareil, moi non plus.
Merci Victor pour votre témoignage.
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